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Susan Wojcicki quitte son poste de PDG de YouTube après neuf ans de service chez Google

18 Fév 2023 | Actualité

C’est officiel : Susan Wojcicki, la PDG de YouTube chez Google depuis neuf ans, a annoncé qu’elle quittait son poste pour démarrer un nouveau chapitre dans sa vie, focalisé sur sa famille, sa santé et les projets personnels qui la passionnent. Bien qu’elle reste une conseillère auprès d’Alphabet sur les évolutions de la plateforme, cette annonce marque la fin d’une ère chez YouTube.

À la suite de cette annonce, Neal Mohan reprend la direction de YouTube, mais pas exactement au statut de PDG. Il sera vice-président senior et chef de YouTube. En arrivant chez Google en 2007 après l’acquisition de DoubleClick, il a travaillé avec Susan Wojcicki pendant 15 ans.

Un départ marquant chez YouTube

Susan Wojcicki est une figure phare de l’évolution de Google, ayant rejoint l’entreprise il y a 25 ans sous l’égide des fondateurs Larry Page et Sergey Brin. Elle a été centrale dans l’évolution de plusieurs produits de l’entreprise comme Image Search ou AdSense. Plus important encore, c’est elle qui a encouragé Google à racheter YouTube en 2006, une plate-forme de vidéo devenue aujourd’hui un produit phare de l’entreprise.

En reprenant les rênes de YouTube en 2014, Susan Wojcicki n’a pas hésité à en devenir le visage public, quitte à attirer sur elle les foudres de la communauté. Dans le milieu des plates-formes VOD, il s’agit d’un fait assez rare pour être noté. Sous sa direction, YouTube est devenue toujours plus importante pour Alphabet. En 2022, la plateforme de VOD représentait plus de 10% des bénéfices engrangés par la maison-mère.

Gonzalez v. Google, une affaire qui pèse lourd

Si le départ de Susan Wojcicki est marquant, c’est aussi pour le contexte dans lequel il est réalisé. Google et YouTube sont au milieu d’une affaire importante : Gonzalez v. Google. Cette affaire, qui est débattue par la Cour Suprême des États-Unis depuis fin 2022, questionne la responsabilité de la plate-forme YouTube et de Google dans le cadre des attaques terroristes de novembre 2015 à Paris. Nohemi Gonzalez, une étudiante de 23 ans, y a tragiquement perdu la vie, poussant sa famille à attaquer YouTube et son système de recommandation qui est accusé d’avoir promu des vidéos de recrutement d’ISIS et conduit à cette attaque.

Cette affaire s’attaque à la Section 230 du Communications Decency Act de 1996, qui donne l’immunité aux plates-formes d’hébergement de contenu face à l’influence du contenu lui-même. La famille Gonzalez a pu faire appel et argumente que l’algorithme de recommandation de YouTube agit non pas en tant qu’hébergeur, mais en tant que créateur de contenus. Auquel cas, la Section 230 ne s’appliquerait pas face au Anti-Terrorism Act, qui permet d’attaquer les sources d’influence terroriste et supplanterait la défense de Google.

Si la famille Gonzalez venait à l’emporter, la jurisprudence ainsi créée pourrait définitivement changer le visage d’Internet tel qu’on le connaît aujourd’hui. Dans ce contexte, il est difficile d’estimer si la décision de Susan Wojcicki a été prise pour son bien-être personnel ou pour faire face à une situation d’une ampleur sans précédent pour YouTube.

L’affaire Gonzalez v. Google sera débattue à partir du 21 février à la Cour Suprême, soit quelques jours après le départ de Susan Wojcicki. La décision de la Cour Suprême sera importante, car elle aura un impact sur la façon dont les plates-formes de VOD sont régulées. Les enjeux sont de taille pour l’ensemble de l’économie numérique, qui pourrait être bouleversée en cas de changement de réglementation.

En fin de compte, le départ de Susan Wojcicki marque la fin d’une ère chez YouTube et soulève des questions sur l’avenir de la plateforme de VOD. Avec un nouveau chef à la barre, Neal Mohan, il sera intéressant de voir comment YouTube se développera dans les années à venir. En attendant, l’entreprise devra faire face à une affaire judiciaire d’une grande importance qui pourrait changer la donne pour l’ensemble de l’économie numérique.